lundi 26 juillet 2010

Wild world.

Je connais un mec (bon, je le connais pas vraiment mais il m'a vomis dessus, alors à partir de là je nous considère plutôt proches), il doit avoir quoi, 18 ans à peine, et il sait que dans moins de quatre ans il sera plus là. Mort. Je sais pas vraiment ce qu'il a, je connais pas les détails mais je le trouve génial. Pas parce qu'il va crever avant la plupart d'entre nous et qu'il faut être gentil avec lui, mais parce que justement, j'ai rarement rencontré des gens aussi vivants que lui. En plus il a un prénom de fille, c'est marrant. Certes il est pas très futé et c'est pas grâce à lui qu'on va réduire nos émissions de gaz à effets de serre, mais il rayonne de bonheur, il fait ce qu'il veut, il est libre. Le truc c'est que, même si je rêverais de suivre son exemple, je sais pas si j'en serais capable. Parce qu'il y aura toujours une petite voix qui me rappellera qu'il me faut de la thune pour ma pauvre retraite, pour payer l'ophtalmo et m'acheter un nouveau canapé. Et c'est incroyablement con, de pouvoir se sentir libre qu'à partir du moment où l'on se sait condamné. On devrait tous pouvoir vivre comme ce mec jusqu'à 90 ans. Mais faut payer les impôts, aller chercher les petits à l'école, signer des papiers. C'est ça, le problème de ce millénaire. On a pas le temps de se sentir vivant.

Au fond d'un hamac.

Je veux pas aller à la fac. Je veux pas de sécu étudiante, je veux pas de TD, je veux rien de tout ça. J'en ai déjà marre. Je veux m'exiler en Allemagne, apprendre cette foutu langue sur le tas, avoir un boulot qui me permet de manger, des amis cool (que j'ai déjà!) et un enfant. J'ai envie de quitter ma famille et tous ces gens pour qui j'ai toujours été une excellente élève passionnée par l'Outre Rhin. Cinq ans de grammaire et de traduction pour un diplôme qui veut rien dire, pour un travail qu'on a pas vraiment choisi, pour une maison à crédit, pour une retraite à 80 ans. Merci bien, mais je refuse. Je me rends compte que j'ai le choix. Alors je vais y'aller, à la fac, pour voir ce que c'est. Si je trouve ça génial, tant mieux. Sinon je sais pas, j'improviserais, je ferais vraiment ce dont j'ai envie. J'inventerais mes vraies valeurs. Je ne mangerais pas bio, je n'achèterais aucune action, je n'écouterais pas France Inter. On est à un tournant. Soit on suit la route, on fait ce que les autres attendent de nous et on a l'impression d'être heureux ; soit on coupe à travers champs, on se trouve un coin à l'ombre et on s'y pose pour le temps qu''il nous reste. Je sais pas si j'aurai le courage de partir, de décevoir tant de gens. Mais une chose est sûre : je suis consciente de ma liberté et je veux en profiter.